Chapitre 3 : La coordination par le marché
Document : La Monnaie, un langage selon Michel Aglietta
Je vais prendre une métaphore: ce qui est le plus proche de la monnaie c’est le langage. La monnaie est un langage et fonctionne comme tel. Or, le langage est commun à tous, personne ne peut posséder une langue dans sa totalité et dire qu’il va en faire ce qu’il veut. Par contre, tout le monde va user de la langue. Une langue permet de communiquer si on est sûr que les autres la comprennent. Donc ça n est pas la propriété de la langue qui compte, c’est le fait qu’elle est partagée par tous et qu’il existe des règles de grammaire dont tout le monde use. La monnaie c’est la langue de l’économie, de la marchandise. Il y a en France des milliers d’entreprises, des centaines de milliers de produits, personne n’est capable d’organiser la production sociale dans sa totalité, personne ne peut dire qui produira quoi, qui doit vendre à qui... La monnaie c’est ce qui nous permet d’être reliés les uns aux autres sans le savoir. Grâce à elle, on va pouvoir produire pour quelqu’un qu’on ne connaît pas : la production est vendue sur le marché contre de l’argent, sans savoir à l’avance quels seront les clients. La force de la monnaie c’est d’être un fluide social qui permet de réaliser cette communication. Et pour ce faire, de la même manière qu’une langue ne peut être organisée que collectivement, pour fonctionner, la monnaie ne peut être organisée que collectivement. C’est ce qui se passe au niveau national. […]
Donc, au niveau national la monnaie est unifiée par ses institutions de la même manière que la langue forme un tout, de telle sorte que tout le monde annonce les prix dans la même unités.
M. Aglietta répond à des élèves de Terminale B, DEES n°76. Juin 1989. CNDP.
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